2. Le Conseil d’Etat donne le feu vert à la nouvelle Samaritaine
Le Monde.fr | 20.06.2015 | Par Florence Evin et Jean-Jacques Larrochelle

Après dix ans de fermeture pour vétusté et plus de trois ans de bagarre juridique, le chantier de rénovation des « Grands magasins de la Samaritaine », propriété du groupe de luxe LVMH, va pouvoir reprendre. Ce programme mixte de 70 000 m2 doit abriter un palace derrière la façade Art Déco, classée monument historique, donnant sur la Seine, un centre commercial, des bureaux, des logements sociaux et une crèche. Vendredi 19 juin, le Conseil d’Etat, saisi par le groupe de Bernard Arnault et par la mairie de Paris qui soutient le projet, a prononcé la cassation de l’arrêt de la Cour d’appel de Paris, du 5 janvier 2015, estimant qu’elle « s’était fondée sur une interprétation inexacte du plan local d’urbanisme (PLU)… et ce faisant [avait] commis une erreur de droit » en confirmant l’annulation du permis de construire. Cette annulation avait été décidée, le 13 mai 2014, par le tribunal administratif de Paris.
« Rideau de douche »
Plusieurs associations de défense du patrimoine, SOS Paris, la Société pour la protection des paysages et de l’esthétique de la France (SPPEF) et des requérants du voisinage, avaient, en effet, déposé plusieurs recours auprès du tribunal administratif de Paris. Elles contestaient, notamment, la façade ondulée en verre sérigraphié blanc, de 73 mètres de long sur 25 mètres de haut, dessinée par Ryue Nishizawa et Kazuyo Sejima de l’agence japonaise SANAA. Selon ces associations, cette nouvelle façade ouvrant sur la rue de Rivoli ne s’intégrait pas dans le contexte urbain et historique de ce cœur du vieux Paris et dans la perspective de la rue de Rivoli. Ses détracteurs avaient d’emblée qualifié cet habillage de « rideau de douche ».
Estimant, elles, que le projet LVMH méconnaissait les obligations du PLU relatif à l’insertion des constructions nouvelles dans le tissu urbain, ces associations avaient demandé l’annulation du permis de construire de « l’îlot Rivoli » délivré, le 17 décembre 2012, par la mairie de Paris.
« A la manière des passages anciens de Paris »
Le geste incriminé n’était pourtant pas né au hasard. Relevé détaillé à l’appui, le tracé des lignes verticales, définissant la succession des courbes de cette nouvelle peau, s’appuie strictement sur celui que créaient, de manière irrégulière, les anciennes ouvertures des façades composites du XIXe siècle aujourd’hui détruites. « Nous avons senti combien le rythme de cette façade était donné par celui de ses fenêtres, avait indiqué Ryue Nishizawa. Nous voulons donner une résonance actuelle à ce rythme. »
Conscients du caractère patrimonial du site où il est implanté, les architectes, lauréats en 2010 du Pritzker Prize, le « Nobel » de l’architecture, et auteurs du Louvre-Lens, avaient défendu un parti architectural en phase avec l’histoire de la capitale. « A la manière des passages anciens de Paris, nous voulons créer un passage public qui permettra à chacun de rejoindre la Seine depuis la rue de Rivoli », décrivent-ils.
Ce nouvel axe de déambulation, que SANAA a prévu de ponctuer et d’éclairer à l’aide d’amples dômes en verre insérés dans des puits de lumière, reliera directement la rue de Rivoli à la Seine. Il traversera les bâtiments « Jourdain-verrière » et « Jourdain-plateaux », construits entre 1905 et 1910 dans un style art nouveau affirmé. L’agence tenait à conserver, dit-elle, « ce témoignage de l’excellence technique de l’époque ».

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